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Le blog de Anne-Laure L.

Le blog de Anne-Laure L.

Ce blog est un récapitulatif non exhaustif de mes articles en tant que journaliste sur des sujets aussi variés que la musique, la société, l'actu... Bonne lecture!


Taraf-Tarace : fanfare tsiganofunk

Publié par Anne-Laure L. sur 6 Septembre 2006, 19:14pm

Catégories : #musiques des mondes

Une fanfare de la banlieue Est, et un groupe tsigane des pays de l’Est : le festival Villes des musiques du monde unit, pour le meilleur, Tarace Boulba et le Taraf de Haïdouks. Pour l’heure, le collectif de Montreuil s’active à la préparation de l’événement. L’occasion pour les musiciens de toucher d’autres horizons musicaux, et de s’impliquer dans un festival à l’éthique proche de leurs préoccupations.

 

http://toubaballstars.free.fr/contact/lien%20tarace%20boulba.gif

 

Au milieu d’une table envahie d’un bric-à-brac fantaisiste, trône un ordinateur. Sur l’écran, le violoniste magicien du Taraf de Haïdouks modèle ses mélodies, confronte le crin aux cordes, en toute virtuosité. Une dizaine de paires d’yeux et d’oreilles braqués manifestent leur admiration, scandée par un enthousiasme jubilatoire : « Truc de ouf ! Ca déchire ! ». Et des interrogations : « Ils viennent en caravane ou en avion ? ». Ce jeudi-là, la fanfare associative de Montreuil, Tarace Boulba, zappe la répétition pour une réunion de musiciens « référents ». Au sommaire : la rencontre, en clôture du festival Villes des musiques du monde, entre la funk explosive « made in 93 » de Tarace Boulba, et le légendaire groupe roumain de musique tsigane : le Taraf de Haïdouks.

 

Après une tournée africaine en 2003, c’est donc vers l’Europe de l’Est que s’orientent aujourd’hui  les cuivres et les sticks de Tarace. Hormis la proximité prophétique des noms, la « seule connexion »  entre les deux groupes, c’est Danika, hôtesse clermontoise, chez laquelle ils se sont rencontrés il y a dix ans. Envie d’ailleurs, d’aventures inédites, désir d’assouvir les goûts musicaux hétéroclites de quelques 700 adhérents: Tarace Boulba propose ce « mix » à Villes des musiques du monde. Les dates coïncident ; le Taraf acquiesce; tout roule. Reste à bâtir la passerelle entre envolées orientales et riffs nord-américains, cordes frottées en arabesques, et rythmes cuivrés bien balancés. Les musiciens relèvent, simplifient, adaptent. « Espérons que ça fonctionne ! ». Il y a surtout ce terreau commun : une vision partagée de la musique, entre routes et roots, sens de la fête et énergie tapageuse. Surtout : « Ils touchent leur bille mais ils la ramènent pas ! Et nous, on a la niak ! »

 

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 Alternative aux « conservatoires guindés », Tarace Boulba prône « l’accessibilité à la musique pour tous », de 13 à 67 ans, du RMIste à l’astrophysicien, du néophyte au musicien professionnel. Un nombre et une disparité qui  « désinhibent ». Forcément. La rencontre s’aborde donc sans complexe, avec l’envie de « travailler ensemble, de rigoler, de boire un coup ». Et d’échanger autour d’un art de tradition orale, indissociable de leurs quotidiens respectifs. Seule appréhension: les 48 joueurs ne compteront dans leur rang que douze musiciens de Tarace, deux par pupitres qui « tiendront le truc». Pour le reste, Villes des musiques du monde a ouvert, sur inscription, la rencontre à tout musicien amateur de Seine Saint-Denis, désireux de participer. A charge de Tarace Boulba de leur apprendre deux titres de leur répertoire et deux du Taraf, en un temps record, et une seule répétition avec les tsiganes.

 

Car le festival, éthique, organisé par quinze villes du département, revendique des « spect’acteurs ». Ateliers, stages, rencontres pédagogiques : la manifestation ancre les musiques du monde sur un territoire parfois sinistré en matière culturelle, et mobilise sa population. Un engagement partagé par Tarace Boulba, qui s’implique à Montreuil depuis treize ans: « Aux infos, ils te montrent que la banlieue, c’est la mort. C’est cool pour ça le Tarace. C’est un truc de banlieue monté sans éducateur. Et puis c’est pour de vrai que la musique adoucit les mœurs. » Après l’Afrique, et l’Europe de l’Est, Tarace Boulba lance America Boulba, direction La Nouvelle Orléans en février 2008. De Montreuil aux villes du bout du monde, il n’y qu’un pas. En caravane ou en avion ? L’aventure musicale continue.

                                                                                            

Anne-Laure Lemancel, pour Mondomix, septembre 2006

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