Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le blog de Anne-Laure L.

Le blog de Anne-Laure L.

Ce blog est un récapitulatif non exhaustif de mes articles en tant que journaliste sur des sujets aussi variés que la musique, la société, l'actu... Bonne lecture!


L’Empreinte du Lézard Philippe Assié éd. Doryphore

Publié par Anne-Laure L. sur 8 Juillet 2011, 11:55am

Catégories : #littérature


 

1154670.jpgLiberté : ce mot éclaire comme un phare les pages de L’Empreinte du Lézard, premier et dernier roman hors de tout carcan de Philippe Assié, disparu trop vite, avalé par les flots en octobre 2010, à l’âge de 54 ans. Début des années 1970 – Wha, le héros, narrateur un peu loser, un peu branque, erre sur l’énigmatique Col de Vors, au gré des saisons rudes ou douces, palpables dans sa poésie d’orage, de vent du nord et de soleil. Refus de la société, idéaux poursuivis, retours en italiques sur ses itinéraires mystiques à Katmandou ou Jalalabad, routes infinies qu’arrête, seule, la mer, fil remonté d’un amour d’enfance, d’une muse, une fée, Lélia... Et ce rivage salutaire d’une communauté dans laquelle il échoue, Nanadai : sur la mousse des sous-bois, un petit monde bâtit l’utopie, tout près d’une rivière et résolument contre cette société de consommation qui se dessine, érige ses règles, écorne nature et idéaux...


Au gré de ce western psychédélique, de ce road-movie déjanté, drôle, peuplé de chevaux et de légendes amérindiennes, les ombres littéraires de Kerouac, Baudelaire, Hesse, Harrison, Tagore, les riffs brûlés d’Hendrix, les extases de Soft Machine ou les chansons tendres de Cohen... constituent l’arrière-fond, sur lequel des personnages pittoresques défilent : Olivier l’ex-terroriste corse, Francis (Cabrel) le poète, Kate la rousse irlandaise, Jesper l’apprenti révolutionnaire... Et puis le lecteur, bien sûr, qui chevauche ivre sur les mots de Philippe Assié, sur ses fulgurances où le verbe devient aventure, se confond avec l’herbe tendre, calcinée au soleil, les cailloux roulés dans l’eau et le chant des oiseaux. Comme la nature anarchique et flamboyante, ses phrases s’organisent selon leurs propres règles, leurs propres rythmes sans déroger un seul instant à l’exigence littéraire la plus vive. Sous sa plume, prend alors corps un monde suranné : le souffle d’une époque, celui des années 1970, des hippies et des étoiles qui guidaient une génération... Un horizon qui constitue à la fois notre passé, et peut-être notre futur. Au temps des désillusions, beaucoup de questions et d’aspirations demeurent actuelles... Et qui sait ? Dans ce roman de chaman, tissé de croyances, il est écrit : « Pense à la relation que les lézards ont avec le soleil. Lorsqu’un lézard perd sa queue elle repousse, c’est une grande chance... »


Anne-Laure Lemance, pour Evene.fr

www.doryphore.net

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents