Le chant de la Terre: Danyel Waro et Silverio Pessoa

Le lien entre la musique et le monde paysan ? La relation ne saute pas aux yeux. Dans de nombreux pays du monde, pourtant, la musique prend racine dans la terre travaillée ; elle germe dans ses sillons au gré du labeur. Voici ce que tente de rappeler le festival de musiques Africolor, au travers d’une initiative originale organisée à la médiathèque de Bagnolet le 14 décembre : un débat entre des musiciens – Silverio Pessoa et Danyel Waro – et la confédération paysanne. « L’idée est venue  lors de mes nombreuses conversations avec le musicien réunionnais Danyel Waro, habitué du festival. Son art est né dans les champs  de canne à sucre. Avec la terre, il tisse un lien fort. », confie Philippe Conrath, directeur du festival. L’échange se situe sur trois niveaux : la relation avec les Bagnoletais issus d’un milieu urbain, la rencontre entre un artiste brésilien et réunionnais, nés d’un même contexte social ; surtout, la réflexion s’articule autour des « préoccupations des paysans sur le productivisme engendré par la mondialisation ». Le lendemain du débat, Silverio Pessoa et Valdir Santos investissent le Cin’hoche de leur forro lancinant et festif, musique originaire des régions agricoles et sinistrées du Nordeste brésilien, puis devenue art populaire et national, qui transgresse les clichés.

Anne-Laure Lemancel (Pour le Magazine de Bagnolet en Juin 2006)